
Voyages
Randonnée dans le massif de Chartreuse – Rodolphe Töpffer
par Marc Bordier /

Ce dimanche, j’ai profité de ma présence à Grenoble pour découvrir les environs de la ville, en commençant par une longue randonnée dans les montagnes de la Chartreuse, à quelques kilomètres au nord de la ville. Célèbre pour son monastère fondé par Saint-Bruno en 1084 et pour la liqueur à laquelle il a donné son nom, ce massif est un ravissement pour les yeux du promeneur. En faisant quelques recherches, j’ai retrouvé ce texte d’un écrivain suisse qui en restitue très bien l’atmosphère :
“Les abords de la montagne sont frais, boisés, délicieux ; ils vaudraient la peine d’être visités pour eux-mêmes, si un peu plus loin le spectacle ne devenait ravissant de verdure, de solitude, de sauvage majesté. À Fourvoirie, première entrée du désert, la vallée se resserre tout à coup en gorge étroite, et par l’ouverture que laissent entre elles des parois de rochers couronnés de bois et festonnés de lianes et d’arbustes l’œil entrevoit au-delà comme un tranquille Elysée où croissent épars sur des pelouses naturelles les plus beaux arbres du monde. L’on approche, l’on s’engage dans le défilé, où la lumière est sourde, mystérieuse, comme si l’on se trouvait errer sous les arceaux d’une nef gothique, et au-dessous de soi l’on voit un torrent courroucé, le Guiermort, qui, après s’être follement brisé contre les antiques culées de deux ponts moussus, s’en va faire tourner plus loin les roues de quelques usines ensevelies sous des noyers séculaires.
Fourvoirie est la première entrée du désert, c’est-à-dire de cette enceinte fermée de montagnes, où, vers 1084, saint Bruno pénétra avec ses chartreux, et vint fonder la petite chapelle dont le croquis figure à la fin de cette journée. Aucun asile sous le ciel ne pouvait mieux convenir à un ordre religieux dont la solitude et le silence constituent la règle ; aujourd’hui même, après que tant de siècles ont tout changé, tout bouleversé autour de ces monts, l’enceinte choisie par saint Bruno est encore aussi solitaire, aussi déserte, que lorsqu’il vint y cacher sa vie. Nulle habitation ne s’y voit que la Chartreuse et ses dépendances, nul bruit ne s’y fait jamais entendre que celui des orgues ou des cloches du monastère, en sorte que la vallée tout entière présente l’aspect d’un vaste sanctuaire, où quelques religieux se pressent autour des autels.”
Rodolphe Töpffer – Nouveaux voyages en zigzag
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Mots clés
Chartreuse, Grenoble, Voyage
Littérature contemporaine


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