Essais
Le Pouvoir de la destruction créatrice
par Marc Bordier /
Ces derniers mois, je n’ai pas publié beaucoup d’articles sur ce blog, mais je n’en suis pas moins resté très actif en tant que lecteur. Parmi tous les livres que j’ai lus, le plus intéressant est sans doute un essai intitulé Le Pouvoir de la destruction créatrice, par Philippe Aghion, Céline Antonin et Simon Bunel, trois économistes qui sont respectivement professeur au collège de France, maître de conférences à Sciences Po Paris et administrateur de l’INSEE.
Le Pouvoir de la destruction créatrice décrit le fonctionnement du système capitaliste en insistant sur le rôle fondamental de l’innovation en tant que moteur de la croissance du produit intérieur brut (PIB). Dans l’histoire de la pensée économique, la théorie dominante de la croissance jusqu’à la fin des années 80 était celle du modèle néoclassique de Robert Solow, selon lequel la croissance du PIB s’explique avant tout par l’augmentation du capital financée grâce à l’épargne. Or, comme le démontrent nos trois auteurs, ce modèle se heurte à la loi des rendements décroissants et il n’explique pas les déterminants de la croissance de long terme. Pour le dépasser, Aghion, Antonin et Bunel affirment l’importance du paradigme schumpétérien de la destruction créatrice, c’est-à-dire le processus par lequel de nouvelles technologies se produisent continuellement et rendent les technologies existantes obsolètes, de nouvelles entreprises viennent constamment concurrencer les entreprises en place, et de nouveaux emplois et activités sont créés et viennent sans cesse remplacer des activités existants. Ce modèle place l’innovation et la diffusion du savoir au cœur du processus de croissance : par la concurrence, la protection des inventions et la disponibilité de capitaux destinés à financer l’innovation et donc les gains de productivité, ce nouveau paradigme explique notamment le décollage des économies européennes au XIXème siècle, et plus récemment celles des Etats-Unis et de la Chine, et il est aujourd’hui fondamental pour appréhender des problématiques telles que la réduction du chômage, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et même la montée des populismes dans démocraties occidentales.
Je recommande vivement la lecture de cet essai à tous ceux qui s’intéressent aux questions économiques et sociales. Il est certes parfois un peu aride, mais avec un peu de concentration, le lecteur qui dispose d’un minimum de culture économique saisira l’essentiel des concepts qui y sont exposés, et cette lecture éclairera sa compréhension des débats actuels sur la transition écologique, le financement de l’innovation par le capital-risque ou le rôle de l’intelligence artificielle dans l’économie.
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