Littérature contemporaine

Un roman à lire l’été au Etats-Unis : The lost summers of Newport

Marc Bordier par Marc Bordier /

Newport-villa

Durant mes vacances aux Etats-Unis, j’ai eu la chance de visiter Newport, une station balnéaire située à une demi-journée de route au nord-est de New York. La ville est connue pour son style “New England chic” et ses luxueuses villas datées de ce que l’on a appelé “l’âge d’or américain” (The Gilded age, fin du XIXème siècle). En 1953, elle a également accueilli le mariage d’un des couples les plus célèbres et les plus glamour de l’histoire américaine, John et Jackie Kennedy.

 

Pour accompagner ma visite de la ville, j’ai acheté The lost summers of Newport, un roman qui raconte au fil de trois générations l’histoire (fictive) de Sprague Hall, une de ces fameuses villas qui ont fait la réputation de Newport : en 1899, Ellen Daniels, une jeune femme modeste, y est embauchée pour donner des cours de chant à Miss Maybelle Sprague, la jeune et riche héritière d’une famille dont le chef souhaite conforter son statut social en la mariant avantageusement à un prince italien. Plus près de nous, en 1957, Lucky Sprague, descendante de Maybelle retournée vivre à Sprague Hall après une jeunesse passée en Italie, essaie tant bien que mal de sauver son mariage malgré les frasques de son mari alcoolique. Enfin, en 2019, une jeune femme du nom d’Andie Figuero débarque à Newport avec son équipe de télévision pour y tourner une émission de téléréalité sur la rénovation de Sprague Hall. Bien qu’elles vivent à différentes époques, les destins des trois femmes seront liés à travers les mystères de la villa…

 

The lost summers of Newport présente l’originalité d’avoir été écrit par trois autrices accomplies, Beatriz Williams, Lauren Willig et Karen White, toutes trois présentées sur la quatrième de couverture comme des autrices de best-sellers selon le New York Times, dont le classement des ventes fait référence aux Etats-Unis. C’est sans doute là que réside l’originalité de ce roman : chacune des autrices a pris en charge un personnage et une époque, racontant leurs histoires à travers des chapitres agencés de façon à faire progresser l’intrigue au gré des révélations sur le passé mystérieux de la villa et de ses occupants. De ce point de vue, le roman est assez réussi et fait preuve d’une réelle originalité : contrairement aux récits historiques classiques qui progressent le plus souvent de manière linéaire (on pense par exemple à la trilogie du XXème siècle de Ken Follett), ici les événements et péripéties s’enchaînent d’un chapitre à l’autre malgré les décennies qui les séparent, dévoilant ainsi progressivement l’identité de la villa et son histoire. A la fin, les aventures des trois femmes finissent par se rejoindre pour n’en former plus qu’une, celle de la villa Sprague Hall, véritable héroïne de ce roman.

 

En tant que lecteur, j’ai apprécié cette lecture estivale car elle m’a plongé dans l’ambiance de Newport alors que je visitais ses villas célèbres, comme celles des Breakers, propriété luxueuse de la richissime famille Vanderbilt, ou de Rough Point, qui héberge la collection d’art de Doris Duke, richissime héritière de l’empire American Tobacco. Dommage que la savante construction narrative du roman soit quelque peu gâchée par le caractère parfois invraisemblable des rebondissements et des scènes qui, à force de se vouloir dramatiques, sombrent dans le grotesque.

Mots clés

Etats-Unis, Lecture d'été, Newport, Rhode Island, Roman