Littérature anglaise

La guerre froide racontée par Ken Follett

par Marc Bordier / 3 décembre 2017

 Aux portes de l’éternité : la guerre froide racontée par Ken Follett

Dans Aux portes de l’éternité, le troisième et dernier tome de sa trilogie consacrée à l’histoire du XXème siècle, Ken Follett reprend avec méthode les ingrédients qui ont fait le succès de La Chute des géants  et de  L’Hiver du monde  : une narration ambitieuse qui fait évoluer les descendants de quatre familles anglaise, russe, américaine et allemande dans la tourmente de l’Histoire. Cette fois, il raconte la guerre froide, de la construction du mur de Berlin à sa chute, en passant par la crise des missiles de Cuba, le goulag, le printemps de Prague, la guerre du Vietnam, mais aussi la politique intérieure américaine, avec la lutte des noirs pour les droits civiques, les assassinats de JFK, Martin Luther King et Bobby Kennedy, l’avènement de la culture hippie et du rock’n roll, et le scandale du Watergate.

   Un roman dont l’Histoire est la véritable héroïne

Sans surprise, le résultat est à la hauteur des deux tomes précédents : écrit dans un style simple et dépouillé destiné à plaire à tous les lecteurs, l’ouvrage se lit avec plaisir et facilité malgré sa longueur (plus de 1200 pages). Très nombreux, les personnages manquent parfois un peu de consistance, mais cela ne pose guère de problème,  puisque leur fonction est avant tout d’être les acteurs de l’Histoire, un peu comme les Rougon-Macquart incarnent l’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire dans le chef d’oeuvre de Zola. Chez Follett, cela sonne parfois un peu faux (comment tous les membres d’une  famille ont-ils réussi à incarner à eux seuls les grands événements internationaux de cette période ?), mais  le lecteur s’en fiche. Il est de toute façon happé par l’intrigue, et tant pis pour la vraisemblance : seul compte la fascination pour l’Histoire du XXème siècle, racontée de manière captivante grâce aux moyens puissants de la fiction. Finalement, c’est bien elle la véritable héroïne de ce roman.