Littérature étrangère

Johanna Adorjàn – Un amour exclusif

Marc Bordier par Marc Bordier /

En quelques jours seulement, j’ai achevé la lecture du premier roman de Johanna Adorjàn, Un amour exclusif. Mon avis ? Je suis déçu. La jeune romancière, journaliste culturelle dans un grand quotidien allemand, se penche sur l’histoire de ses grands-parents avant leur suicide à Copenhague en 1991. En menant des entretiens avec ceux qui les ont connus, elle reconstitue les principales étapes de leur vie de juifs hongrois : leur rencontre à Budapest au début de la guerre, la déportation à Mauthausen, le retour dans la Hongrie socialiste, la révolution avortée de 1956, l’exil au Danemark et les années paisibles de la fin.

Comme je l’indiquais dans mon précédent billet, j’ai choisi ce livre parce que son sujet m’intéresse. En effet, j’aime les romans qui mêlent les histoires individuelles à celle des peuples (Les Raisins de la colère, la saga des Rougon-Macquart, etc.). Malheureusement, la narration est ici plate, monotone, voire ennuyeuse. L’idée de faire alterner le récit détaillé de la dernière journée d’une vie et celui des événements qui l’ont jalonnée présente un certain intérêt, mais elle ne suffit pas à donner du souffle au roman. Et le geste final, à peine exploré, demeure une énigme qui laisse le lecteur sur sa faim.

Reste la scène du suicide elle-même, d’une sobriété et d’une pudeur touchantes. Par sa simplicité et sa sensibilité à la tonalité très juste, elle donne à ce roman la saveur littéraire qui lui faisait défaut et parvient à faire oublier la faiblesse des pages précédentes.