
Littérature contemporaine
Charles Lancar – Le Vent des marchés
par Marc Bordier /
Il y a quelques semaines, j’évoquais sur ce blog ma rencontre avec Charles Lancar, un écrivain d’origine tunisienne qui présente l’originalité d’être aussi vendeur sur les marchés. Dans Le Vent des marchés, il s’inspire assez largement de sa propre expérience pour raconter la vie des marchés parisiens du lendemain de la Libération à la décentralisation des Halles à la fin des années soixante. Cette saga familiale et historique raconte les parcours croisés d’Adèle, une veille de soixante dix-huit ans surnommée “la lionne des marchés” pour sa défense passionnée des intérêts des marchands depuis le début du siècle, et ses descendants Adrien, Antoine et Cédric. A travers ces histoires individuelles, le roman dresse aussi le tableau d’une époque et d’un milieu, celui des marchés parisiens dans l’après-guerre, dans un contexte de renouveau économique et de règlements de comptes politiques entre résistants et anciens collabos.
J’ai apprécié ce roman pour sa dimension historique, qui restitue assez bien les traditions des marchands, leurs langages et leurs manières, jusqu’à leur vocabulaire (avec notamment ce drôle de pluriel pour désigner leurs différentes spécialités : un “fruits et légumes”, un “champignons”, etc.). J’ai aussi retrouvé dans Le Vent des marchés une filiation avec deux genres que j’affectionne particulièrement, le roman naturaliste populaire, et la saga familiale. Au roman naturaliste, Lancar a emprunté son univers social et matériel (le ventre de Paris) et ses thèmes (l’histoire naturelle et sociale d’une famille, les luttes sociales et politiques). Il se rapproche de la saga familiale par la tension dramatique et les jeux d’opposition qu’il établit entre membres d’une même famille (Cédric contre Adrien).
Mon seul regret en refermant ce livre est qu’il m’a laissé un goût d’inachevé. En particulier, l’opposition entre Cédric, jeune premier intelligent et ambitieux, incarnation de la nouvelle droite gaulliste, et son “oncle” Adrien, usurpateur de l’héritage familial et représentant d’une droite traditionnelle compromise dans la collaboration, reste à peine esquissée, et ne débouche pas sur la confrontation épique que le lecteur attend. Mais peut-être est-ce tout simplement parce que ce roman feuilleton appelle une suite ?
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