Littérature anglaise

Douglas Kennedy – La femme du Vème

Marc Bordier par Marc Bordier /


J’avais depuis longtemps remarqué le nom de Douglas Kennedy dans la vitrine de mon libraire et dans les classements des meilleures ventes, mais n’avais jusqu’à présent jamais eu l’occasion de lire ses ouvrages. Je ne sais pas si j’ai bien fait de commencer par La femme du Vème : si j’en crois les avis de lecteurs que j’ai glanés çà et là sur les forums, ce n’est pas son meilleur roman. Malgré tout, après l’avoir lu, je lui ai trouvé quelques qualités.

Le récit met en scène les mésaventures d’un Américain à Paris. Fuyant son campus universitaire après un divorce et un scandale pour harcèlement sexuel qui a brisé sa carrière de professeur d’art cinématographique, Harry Ricks débarque à Paris avec son ordinateur et quelques économies en poche pour écrire le roman de sa vie. Rapidement à bout de ressources, il échoue dans une chambre de bonne miteuse du Xème arrondissement. Il y découvre un univers sordide, celui des immigrés pauvres et des petits boulots, des combines à la petite semaine et des trafics en tout genre. Petit à petit, Harry va reconstruire sa vie, retrouver sa dignité et renouer des liens avec sa fille. Il sera aidé dan sa quête par la femme du Vème, une belle Hongroise inconnue avec laquelle il nouera une relation amoureuse mystérieuse et troublante… Je ne vous raconte pas la suite, cela vous gâcherait le plaisir de la découvrir.
La femme du Vème est une lecture agréable et prenante : ici, pas de descriptions fastidieuses ni de digressions intempestives, le récit est mené à un rythme soutenu et se lit facilement (presque trop à mon goût, mais il est vrai que je suis un peu snob…). Rétrospectivement, je comprends mieux pourquoi les romans de Douglas Kennedy figurent régulièrement en tête des ventes. Mais ce qui m’a le plus intéressé ici, c’est la description de Paris à travers le regard d’un écrivain américain contemporain. Si le récit commence dans les beaux quartiers (un hôtel du XVIème arrondissement), la déchéance matérielle de son héros nous entraîne assez rapidement dans les coins plus populaires de la rue du Paradis. En véritable explorateur, Douglas Kennedy nous dévoile un Paris glaque et crépusculaire. Ce faisant, il nous invite, nous lecteurs français, à porter un oeil neuf sur cet univers que nous côtoyons parfois sans oser véritablement le regarder en face. Enfin, j’ai bien aimé le tournant inattendu que prend l’intrigue aux deux tiers du livre. Jusqu’alors bien ancrée dans la réalité la plus triste, elle opère un virage fantastique surprenant. Pas étonnant que les lecteurs habituels de Kennedy aient été déroutés. Pour ma part, cela ne m’a pas gêné, bien au contraire. J’ai toujours aimé les histoires surnaturelles… En revanche, la fin m’a déçu : abrupte et bâclée, elle laisse au lecteur un goût d’inachevé frustrant. Peut-être devrai-je lire les autres romans de Douglas Kennedy pour apprécier vraiment cet auteur ?