Voyages

Impressions de voyage en Sicile

Marc Bordier par Marc Bordier /

Taormine-Sicile

Cet automne, à l’heure où le ciel parisien se couvrait de lourds nuages gris, j’ai eu la chance de partir en vacances sous le soleil de Sicile. Durant une semaine, j’ai longé la côte est de l’île, depuis le détroit de Messine au nord jusqu’à la ville baroque de Noto à au sud, en passant par Taormine, Catane, Syracuse, Raguse et Modica. De mon voyage dans cette terre millénaire où tant de peuples et de civilisations se sont succédés, j’ai retenu deux impressions.

La première est bien entendu un sentiment d’émerveillement face à la beauté de l’île. Située au cœur de la Méditerranée, la Sicile offre au regard du voyageur toute la douceur de ses paysages méditerranéens et la poésie de ses innombrables églises et palais baroques. A cette époque de l’année, elle mélange le vert tendre des orangers, cyprès et oliviers au bleu azur intense de la mer Ionienne, avec en toile de fond la masse imposante, sombre et nuageuse de l’Etna. De passage à Taormine en 1885, Maupassant écrivait déjà : “ce n’est rien qu’un paysage, mais un paysage où l’on trouve tout ce qui semble fait sur la terre pour séduire les yeux, l’esprit et l’imagination“. Aujourd’hui encore, l’île est encore largement préservée des ravages de la modernité, et les séductions vantées par l’écrivain n’ont rien perdu de leurs attraits.

La seconde impression que je garderai de mon séjour sicilien est une admiration sincère pour l’hospitalité et la gentillesse de ses habitants. Dans nos contrées, les Siciliens souffrent d’une réputation assez déplorable, très souvent associée à celle de la mafia qui les a rendus tristement célèbres. Il est vrai que l’organisation criminelle est encore bien présente : durant notre séjour, le quotidien de l’île racontait en première page les mésaventures d’un patron de bar passé à tabac pour avoir refusé de payer le pizzo, cet “impôt” prélevé par la pieuvre sur les commerçants. Mais il serait injuste de réduire les Siciliens à cette image, dont ils sont les premiers à souffrir. Pour ma part, je n’ai pas croisé de mafiosi en Sicile, mais plutôt des gens ordinaires passionnés par leur île et avides d’en partager l’histoire et la beauté avec leurs visiteurs, comme ce guide qui nous a accompagnés sur les flancs de lave de l’Etna en dissertant sur les vertus du microclimat dans la production du vin Etneo Rosso, ou bien encore ce directeur du palais Landolina à Noto, qui a organisé pour nous une visite privée du palazzo que lui et son équipe restaurent avec amour et passion depuis une vingtaine d’années. La Sicile est sans doute une terre vieille de plusieurs millénaires, mais elle a encore beaucoup de merveilles à offrir à ses visiteurs.