
Poésie
Rimbaud – Aube
par Marc Bordier /
Ce matin, j’ai eu la chance de me réveiller aux premières aurores. En prenant mon café devant les lueurs rouges et dorées du soleil de juillet, je me suis remémoré ce poème en prose tiré des Illuminations :
J’ai embrassé l’aube d’été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte.
Les camps d’ombres ne quittaient pas la route du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais
et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.
Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins:
à la cime argentée, je reconnus la déesse.
Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq. A la grand’ville elle
fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.
En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée
avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.
Au réveil il était midi.
J’aime la clarté et la fraîcheur de ce texte, sans doute l’un des plus beaux que Rimbaud ait jamais écrits. Dans une langue simple et accessible, il raconte une course joyeuse et échevelée parmi les beautés fulgurantes d’un paysage imaginaire et merveilleux. La chute du récit est celle du réveil désenchanté, le retour à la sèche platitude du jour. N’est-ce pas ce que le lève-tôt ressent lorsque l’activité diurne et ses obligations prosaïques viennent chasser chasser cet éphémère entre-deux qu’il affectionne tant ?
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