
Poésie
Pâques à New York – Blaise Cendrars
par Marc Bordier /

En ce lundi de Pâques, j’ai cherché un texte qui refléterait notre désarroi collectif face à cette pandémie qui n’en finit pas, et c’est le poème de Blaise Cendrars Pâques à New York qui m’est venu à l’esprit. Le poète y raconte son errance pascale nocturne dans une New York peuplée d’ombres et de misères. A chacun de ses pas, il adresse une supplique à Dieu, mais ses prières restent vaines. A la fin de la nuit, l’aube blafarde se lève et le vagabond malheureux rentre chez lui dans sa solitude, abandonné de Dieu.
J’ai reproduit ci-dessous les derniers vers du poème. Pour le lire en entier et même l’écouter récité par André Nerman, je vous invite à consulter cette page sur le site d’une université du Massachussets.
Seigneur, l’aube a glissé froide comme un suaire
Et a mis tout à nu les gratte-ciel dans les airs.
Déjà un bruit immense retentit sur la ville.
Déjà les trains bondissent, grondent et défilent.
Les métropolitains roulent et tonnent sous terre.
Les ponts sont secoués par les chemins de fer.
La cité tremble. Des cris, du feu et des fumées,
Des sirènes à vapeur rauquent comme des huées.
Une foule enfiévrée par les sueurs de l’or
Se bouscule et s’engouffre dans de longs corridors.
Trouble, dans le fouillis empanaché de toits,
Le soleil, c’est votre Face souillée par les crachats.
Seigneur, je rentre fatigué, seul et très morne…
Ma chambre est nue comme un tombeau…
Seigneur, je suis tout seul et j’ai la fièvre…
Mon lit est froid comme un cercueil…
Seigneur, je ferme les yeux et je claque des dents…
Je suis trop seul. J’ai froid. Je vous appelle…
Cent mille toupies tournoient devant mes yeux…
Non, cent mille femmes… Non, cent mille violoncelles…
Je pense, Seigneur, à mes heures malheureuses…
Je pense, Seigneur, à mes heures en allées…
Je ne pense plus à Vous. Je ne pense plus à Vous.
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