Poésie

Boxeur – Mitch

Marc Bordier par Marc Bordier /

Boxeur
   La semaine dernière, j’ai reçu dans ma messagerie un exemplaire d’un petit recueil de poésies intitulé Vide. A l’heure où les selfies  et autres ice bucket challenges inondent les réseaux sociaux, cela fait du bien de redécouvrir une forme d’expression qui s’appuie sur les mots et l’exploration du langage. Aussi, j’ai décidé de le lire et de lui consacrer un article sur ce blog.
   Les dix-neufs poèmes rassemblés dans ce petit fascicule mettent en scène des moments de la vie quotidienne, des émotions, des souvenirs ou des réflexions personnelles. Parmi eux, mon préféré est Boxeur, parce que son sujet me rappelle un autre texte d’un poète et chansonnier, le russe Vladimir Vissotsky. Le poème évoque un dialogue imaginaire entre un boxeur et le poète, et il s’articule en trois parties animées par un mouvement ascentionnel suivi d’une chute. Dans la première, le boxeur évoque ses sensations autour de quatre substantifs et de leurs caractéristiques : le cuir des gants de boxe, les perles de sueur, le feu qui l’anime et la terre sur laquelle il s’enracine pour trouver la force de combattre. Après cette ouverture sur des éléments très matériels (l’air, l’eau, le feu, la terre), le poème prend une dimension plus spirituelle et imagée pour évoquer la vie et ses épreuves. Le combat de boxe devient alors une métaphore des difficultés que le boxeur doit affronter chaque jour et des doutes qu’il ressent. Alors qu’il pense avoir trouvé sa voie en se plaçant dans la lignée de ses ancêtres, le boxeur est interpellé par le poète, et rappelé à son devoir de dignité dans la chute du poème.
BOXEUR
   Du cuir je ne vois que la surface, sa
sensation sur ma peau.
   Les perles que je portent me tombent une à
une le long du corps, tendu et pourtant souple
aux mouvements du vent.
   Le feu qui se cache sous mes yeux, nourrit
mon chemin, éclaire ma voie.
   De la terre je tire ma volonté, mon
obstination, mon repos.
   De la vie je prends les coups et les
incertitudes, mais j’avance toujours, comme tiré
en avant.
   Parfois, dans mon coin, je doute, je me
demande, mais cela n’est pas long, car je
retourne toujours au devant.
   Je ne sais pas si je serai grand ou malheureux,
triste ou victorieux.
   Mais je sais que je me relève sans cesse, et
qu’avant moi, ils furent légion à le faire.
   Je suis le digne descendant des hommes, et
mes combats furent les leurs.
   Boxeur, tu es ce qu’ils ne seront jamais,
alors, sois digne.