Littérature contemporaine

Visite au salon du livre

Marc Bordier par Marc Bordier /

J’étais de passage au salon du livre mardi soir pour écouter Frédéric Beigbeder parler de son Roman français. La conférence était divertissante, avec un Beigbeder fidèle à son personnage : charmeur, saltimbanque, narcissique, beau parleur, bateleur, câjoleur, flatteur, narcissique, cultivé, démagogue, puéril… On l’aime ou on le déteste comme il est. Pour ma part, j’admire son habileté et son sens de la mise en scène. Incontestablement, l’animal est doué pour séduire son public. En revanche, je suis beaucoup plus réservé quant à ses talents littéraires : je n’ai pas été impressionné par 99 francs, et je me souviens d’avoir acquiescé en lisant la critique sévère que lui consacre Pierre Jourde dans son ouvrage La littérature sans estomac (pour ceux qui ne le connaissent pas, Pierre Jourde fait partie de ces rares critiques qui se donnent la peine de lire les textes et de les analyser, citations à l’appui...Lisez-le, c’est très drôle). Frédéric Beigbeder incarne finalement assez bien cette tendance contemporaine à la mise en avant des auteurs au détriment de leurs oeuvres. Mardi soir, il a d’ailleurs clairement revendiqué ce qu’on appelle parfois lapeopolisation des écrivains en approuvant que Jay Mc Inerney fasse la couverture deVogue et en rappelant que Victor Hugo était une véritable star en son temps. Sans doute a-t-il en partie raison, et on ne peut que se réjouir de voir des auteurs invités dans les journaux et à la télévision. A condition que leur médiatisation ne vienne pas occulter l’essentiel : le texte et ses qualités littéraires. Avec Beigbeder, l’équilibre est rarement atteint…