Littérature contemporaine

Un roman people : Mieux vaut en rire, d’Alix Etournaud

Marc Bordier par Marc Bordier /

Il y a quelques semaines, en lisant des magazines people à la plage sous le soleil des Canaries (eh oui ! je ne lis pas que Le Magazine littéraire !), je suis tombé sur la critique amusante d’un roman à clés dans lequel une journaliste raconte ses mésaventures amoureuses sous la forme d’une fiction à peine déguisée mettant en scène l’adultère entre son compagnon, un riche homme d’affaires devenu écrivain à succès, et une présentatrice de télévision érotomane et névrosée. Cédant à cette affiche un brin racoleuse, j’ai acheté l’ouvrage en question et l’ai lu en quelques jours.

N’étant pas un spécialiste des ragots et de la presse people, je passerai ici sur l’intrigue de Mieux vaut en rire  (c’est le titre du roman) et sur son rapport avec la réalité (sur ce sujet, lisez plutôt mon précédent billet consacré à Maupassant) pour m’intéresser à l’objet littéraire lui-même. Je dois dire que c’est une lecture assez divertissante : vivante et rythmée, la narration adopte le plus souvent le point de vue grinçant de la femme délaissée. Cela lui permet de donner libre cours à un style familier, moderne et volontiers gouailleur, inspiré sans doute par le fiel de la vengeance. Pour ma part, j’ai particulièrement apprécié ce passage, dans lequel elle commente les excuses pitoyables de son mari : “Qu’est-ce qu’il me raconte le trépané ? Qu’il est non-violent ? Qu’il veut rompre proprement avec le boulet ?”. Dans le même registre, cela donne aussi quelques répliques jubilatoires, comme dans ce dialogue :

– J’ai tellement peur de te décevoir.

– N’aie plus peur, c’est fait depuis longtemps”.

Ces qualités suffisent-elles à faire de Mieux vaut en rire une véritable oeuvre littéraire ? Probablement pas, mais ce n’était pas là l’objectif d’un “roman” qui reste avant tout un savoureux règlement de comptes en public par fiction interposée.