Littérature contemporaine

Un père en colère – Jean-Sébastien Hongre (2/2)

Marc Bordier par Marc Bordier /

Hongre Un père en colère

   Pour illustrer la conclusion de mon précédent billet (Un père en colère est il un roman de droite ? Il serait simpliste de le réduire à cela), je voudrais citer ici mon passage préféré du roman de Jean-Sébastien Hongre. Venus à l’hôpital pour veiller sur Nathalie après l’accident qui a failli lui coûter la vie, Stéphane et Bruno échangent quelques propos au sujet des circonstances qui ont conduit à cette catastrophe. Très vite, Stéphane condamne le comportement égoïste et irresponsable de ses enfants Fred et Léa, et il se voit repris par son beau-père soixante-huitard :
“- Tu racontes n’importe quoi !
– Ce sont des insatiables, des capricieux, des menteurs ! Comme toutes ces bandes de racailles de merde !
– Ho, arrête, arrête avec ton discours de facho !
– Facho ? Moi ! Mais qui sont les fachos de nos jours ? C’est quoi les valeurs des fachos ? Ce n’est pas la religion de la force ? La puissance du groupe devant l’individu ? Le culte du corps musclé, de la dureté, de l’agressivité en tout ? Le mépris de la femme ravalée au rang de pouliche ou de prostituée ? L’homophobie ? La haine de l’autre ? Ce que je te décris, crois-moi, ce sont les valeurs de Fred et de ses potes […].
– Tu fais des amalgames.
– Et le contrôle du territoire ? Ce n’est pas une autre valeur de facho ?
– Tu délires, il n’y a pas d’idéologie politique chez ton fils.
– Tu parles, l’amour de la race a été remplacé par le dieu fric, c’est tout. Mon fils et ses copains, ils rêvent de BMW, de putes et de chaînes en or. Mais au fond, ce sont les mêmes que les Sections d’assaut des années 30 quand il s’agit d’être brutaux. Ils occupent le territoire et font régner la terreur […]. C’est l’ultraminorité qui impose sa loi par la force et l’intimidation, au prétexte qu’ils seraient les victimes du système.”
  Ce dialogue établit un parallèle intéressant et – à mon avis pertinent – entre l’idéologie fasciste et la violence qui règne dans certaines cités. Il répond aussi de manière argumentée et originale à l’accusation galvaudée de fascisme jetée sans discernement à la face de tout discours réclamant le rétablissement de l’autorité.