Littérature contemporaine

Un roman historique et psychologique : Le roi disait que j’étais diable

Marc Bordier par Marc Bordier /

roman-historique

Un roman historique…

Dans son roman historique Le roi disait que j’étais diable, la journaliste et romancière Clara Dupont-Monot raconte la relation tumultueuse entre Aliénor d’Aquitaine et Louis VII dit “Louis le jeune”, roi de France de 1137 à 1180. L’histoire débute en 1137 avec l’arrivée du nouveau roi à Bordeaux. Destiné à une carrière ecclésiastique, le jeune Louis s’est retrouvé par accident sur le trône après le décès de son frère Philippe de France. Peu préparé à l’exercice du pouvoir, il épouse néanmoins Aliénor, fille du Duc Guillaume X d’Aquitaine, pour honorer une alliance politique prévue par son père Louis le Gros avant sa mort. A une époque où la fortune et la puissance se mesurent à la taille des domaines féodaux, cette union apporte au royaume de France un vaste territoire allant de la Gascogne à l’Angoumois, en passant par le Périgord, la Guyenne et le Poitou.

…qui est aussi un roman psychologique

Malheureusement, le couple formé par Aliénor d’Aquitaine et Louis VII est très mal assorti. Entre la jeune femme à la personnalité fière, guerrière, farouchement indépendante et adepte des plaisirs sensuels célébrés par les troubadours, et le roi moine à la piété austère mais dénuée de volonté, le courant ne passe pas. Ce déséquilibre forme le point de départ du roman de Clara Dupont-Monot. A partir des faits historiques et des récits laissés par les chroniqueurs de l’époque, elle donne libre cours à son imagination pour construire un roman polyphonique qui fait alterner le point de vue du roi et de la reine dans un dialogue en miroir. C’est de cette construction que naît ce qui fait l’intérêt de ce livre : roman historique, Le roi disait que j’étais diable est aussi et avant tout un roman psychologique dans lequel les événements ayant marqué la première partie du règne de Louis VII s’expliquent par la confrontation de deux personnalités très opposées. En nous donnant à entendre en alternance les points de vue des deux personnages par un effet de focalisation interne, le roman montre une Aliénor distante et un Louis VII soucieux de s’attirer ses faveurs en lui prouvant son ardeur guerrière, allant pour cela jusqu’à incendier l’église de Vitry avec à l’intérieur une centaine de femmes et d’enfants. Pris de remords après ce crime affreux, il cherchera à se racheter en prenant part à la deuxième croisade, qui le mènera jusqu’en Syrie et se soldera par un désastre pour le royaume de France.

Ces explications psychologiques paraîtront sans doute légères aux yeux des historiens, et certains verront là une des faiblesses du roman. L’auteur s’en défend en mettant en avant sa liberté de romancière : tout en respectant la chronologie des faits historiques (rappelée en fin d’ouvrage pour le confort du lecteur), elle utilise ses nombreux espaces blancs pour donner une cohérence psychologique au fil des événements historiques. Cela donne un roman agréable à lire, dans lequel le lecteur se plonge avec plaisir pour redécouvrir une page de l’histoire de France qu’il avait oubliée.

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Mots clés

Clara Dupont-Monot, Elianor Aquitaine, roman historique, Roman psychologique