Littérature contemporaine

Marcela Iacub – Belle et Bête

Marc Bordier par Marc Bordier /

Henri_Rousseau_La_Belle_et_la_Bête

 

   Le livre Belle et Bête de Marcela Iacub a beaucoup fait parler de lui lors de sa parution, le plus souvent dans les pages “Politique”, “Société” ou bien “Indiscrets/people” des journaux, avant de finir dans la chronique judiciaire avec l’épilogue que l’on connaît. Toutefois, avant d’être un objet de curiosité médiatique, le livre se présente comme une oeuvre de littérature. Dans cette perspective, il est permis de s’interroger sur ce qui fonde sa littérarité. Quelles sont ses qualités esthétiques ? En quoi est-il original sur le plan littéraire ?
    A vrai dire, après avoir lu les quatre-vingt cinq pages qui composent ce récit, le lecteur n’y trouvera pas grand’chose. L’auteur y dépeint son amant sous les traits d’un être double mi-homme, mi-cochon.  Se désintéressant complètement de l’homme et de sa vie socialement acceptable, elle concentre toute son attention sur le cochon. Etre du présent, insouciant et ignorant des banales conventions humaines, préoccupé uniquement par la satisfaction immédiate de ses plaisirs, il devient pour elle un objet de fascination et d’adoration . Filant la métaphore, elle en vient à se décrire elle-même comme une truie, et leurs rendez-vous  se résument à quelques conversations rapidement suivies de léchouilles et autres roulages dans la fange. A la fin, dans une scène grand guignolesque, le cochon finit par dévorer l’oreille de sa truie.
    Voilà, c’est à peu près tout. Comme vous pouvez le constater, le bouquin sulfureux qui a fait couler tant d’encre dans les journaux est finalement assez pauvre : l’image du cochon pour désigner un homme dominé par ses appétits sexuels est tristement banale, et l’histoire de leur relation se réduit à quelques rendez-vous grotesques.  Pour trouver son modèle, Marcela Iacub aurait pu prendre n’importe quel libidineux rencontré dans un club échangiste ou sur Internet, le récit n’aurait pas été très différent. D’un point de vue littéraire, elle ne tire même pas parti du statut social particulier de son amant (économiste brillant et homme politique de premier plan, ancien Directeur du FMI, candidat à la Présidence de la République) pour poser des questions intéressantes ou ouvrir une réflexion. Non, dans Belle et Bête, il n’y a rien de cela, juste une histoire scabreuse qui sera vite oubliée. Beaucoup de bruit pour rien…