Littérature anglaise
Stephenie Meyer – Fascination (Twilight tome 1)
par Marc Bordier /
En attendant de recevoir Un Monde sans fin, j’ai poursuivi sur ma lancée de best-sellers anglo-américains en lisant Fascination, le premier tome de la désormais célèbre saga de Stephenie Meyer. Inutile de vous raconter l’intrigue : vous la connaissez déjà (et si vous prétendez que non, c’est que vous mentez). Qui a échappé au phénomène Twilight ? Commencée à l’automne 2005 avec la publication du premier tome, la série a rapidement séduit un public de jeunes lectrices. Portée par le bouche à oreille sur Internet (4,6 millions de fans déclarés sur Facebook, 228 000 abonnés sur Twitter…) et par deux adaptations cinématographiques, elle a ensuite conquis un large public, jusqu’à atteindre les intellectuels snobs comme moi (je plaisante, bien sûr…). Au-delà de l’efficacité indéniable du marketing, quelles sont les recettes littéraires de ce succès ?
Bella me paraît plus digne d’intérêt. Adolescente vulnérable et maladroite, elle s’efforce tant bien que mal de grandir entre des parents divorcés avec lesquels elle éprouve des difficultés à communiquer : sa mère a refait sa vie dans le sud, et leur relation à distance ne passe que par des communications téléphoniques ou épistolaires forcément imparfaites ; son père est un officier de police certes attentionné et protecteur, mais aussi bourru et surtout plus à l’aise pour regarder un match de sport devant son téléviseur que pour échanger des confidences avec sa fille. Enfin, au déracinement géographique (arrivée dans la ville pluvieuse de Forks dans l’état de Washington), culturel et familial s’ajoute pour Bella le secret de sa relation avec un vampire, qu’elle ne peut bien entendu dévoiler à ses parents, ni à qui que ce soit d’ailleurs. Il en résulte un isolement complet, une déréliction à laquelle la jeune fille ne pourra échapper qu’en menant à bien une double quête : celle d’une intégration sociale d’abord, puisqu’elle devra se constituer des amis dans son nouveau lycée tout en se gardant des jalousies suscitées en chemin ; et surtout, celle d’une relation amoureuse réussie en dépit des obstacles extraordinaires que sont la soif de sang d’Edward et le vampire traqueur James. Dans cette double quête de construction de lien vers autrui, l’héroïne fera l’apprentissage de l’amour et de la vie sexuelle dans une tension dialectique entre fascination et appréhension envers l’objet aimé. En somme, le personnage de Bella condense toutes les contradictions et les épreuves de l’adolescence. Dès lors, il réunit les conditions d’une identification forte chez les lectrices, qui constitue selon moi l’origine principale du succès de la série.
Est-ce que j’ai aimé ce roman ? Oui et non. Oui, parce que je me suis volontiers laissé prendre par l’histoire et, je l’avoue, j’ai éprouvé du plaisir à la lire durant la période des fêtes. Non, parce qu’il reste une lecture superficielle, un simple divertissement. Que restera-t-il du phénomène littéraire Twilight dans cinquante ans ? Probablement pas grand’chose.
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