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Les Trois Mousquetaires (Alexandre Dumas)

Marc Bordier par Marc Bordier /

Trois Mousquetaires

Voilà plus d’un mois que je n’ai rien publié sur ce blog. Pourtant, je ne suis pas resté inactif : outre des ouvrages d’économie et de gestion (très utiles dans le cadre de ma nouvelle vie d’entrepreneur), j’ai lu plusieurs romans, dont le premier tome de la quadrilogie napolitaine d’Elena Ferrante. Malheureusement, ces lectures ne m’ont pas suffisamment inspiré pour que je leur consacre un billet sur ce blog, à l’exception des Trois Mousquetaires, le plus célèbre roman d’Alexandre Dumas.

Chacun connaît l’histoire : sous le règne de Louis XIII, un jeune Gascon ambitieux du nom de D’Artagnan monte à Paris pour y chercher fortune. Il y rencontre trois vaillants mousquetaires qui ont pour nom Porthos, Athos, et Aramis. Liés par une solide amitié,  un amour immodéré de la bonne chère, et des valeurs partagées d’héroïsme et de courage, nos héros se retrouvent impliqués dans les luttes d’influence qui opposent la reine Anne d’Autriche et le machiavélique Cardinal de Richelieu. Après avoir sauvé une première fois l’honneur de la reine en se rendant en mission à Londres auprès de son amant le Duc de Buckingham, ils mènent une quête pour retrouver sa dame de compagnie Madame de Bonacieux, qui a été enlevée par les agents du Cardinal. Après de multiples péripéties, D’Artagnan et ses compagnons se rejoignent l’armée du Roi au siège de la Rochelle (1628),ville dans laquelle les protestants français assiégés affrontent les troupes catholiques avec l’appui de la flotte anglaise commandée par le Duc de Buckingham. Sur ordre du Cardinal et avec l’intervention de son âme damnée la diabolique Milady de Winter, le Duc est assassiné, et la ville tombe aux mains des catholiques. De leur côté, nos quatre compagnons finissent par retrouver la trace de Madame de Bonacieux dans un couvent proche de Béthune. Hélas ! La pauvre femme est empoisonnée par la cruelle Milady. Arrivés trop tard pour la sauver, ils ne peuvent que pleurer sur sa dépouille. Dévorés par la soif de vengeance, ils retrouvent Milady, la jugent et l’exécutent dans une scène qui marque le point culminant de roman. En récompense de sa bravoure et ses exploits, le jeune d’Artagnan entre au service du roi en tant que lieutenant des mousquetaires.

Est-ce que j’ai aimé ce roman ? Eh bien, pas vraiment. Comme beaucoup de lecteurs, j’ai découvert Les Trois Mousquetaires d’abord par le cinéma, et n’avais jusqu’alors pas jugé bon d’ouvrir le livre. Pourtant, Dumas est un auteur que j’apprécie beaucoup, surtout pour ses récits historiques (La Reine Margot) et sa capacité à créer des personnages et des thèmes puissants (Le Comte de Monte Cristo), et je me suis dit qu’il était temps d’ouvrir son chef d’œuvre le plus célèbre. Malheureusement, j’en ai retiré une impression mitigée. Certes, le roman présente des qualités indéniables : une intrigue menée à un train galopant, un style léger et plein de mouvement, un rythme endiablé, des personnages vifs, brillants et attachants, des dialogues à la répartie bien ciselée (avant d’être romancier, Dumas a été dramaturge) et quelques scènes d’anthologie, comme ce dîner comique au cours duquel le bon vivant Porthos courtise la femme d’un procureur dans l’espoir de profiter un jour de sa fortune, et se retrouve tout dépité devant la maigreur des mets qui lui sont servis. Malgré tout, je suis resté perplexe face aux multiples péripéties de l’intrigue. Ecrit dans la première moitié du XIXème siècle à l’époque où la presse connaissait un développement important, Les Trois Mousquetaires est avant tout un roman feuilleton destiné à être lu par épisodes. Dès lors, l’important n’était pas pour Dumas de construire une intrigue cohérente et linéaire, mais d’entretenir l’intérêt de son lecteur d’un chapitre à l’autre avec des rebondissements et des coups de théâtre. Cela donne à l’ensemble une structure un peu baroque et aléatoire qui sert avant tout de prétexte à des scènes brillantes et pleines d’esprit, avec comme seul élément commun l’opposition entre les mousquetaires et le Cardinal de Richelieu. Le lecteur que je suis est sorti étourdi et un peu désorienté.

Heureusement, il y a le personnage de Milady de Winter : révélée assez tardivement dans le roman, elle incarne le mal avec sublime et élégance. Manipulatrice, cruelle et cynique, elle restera dans l’histoire littéraire comme une aristocrate du crime, l’archétype de la femme fatale. Malgré leur caractère parfois un peu exagéré, les deux chapitres consacrés à son jugement et à son exécution font partie des plus beaux passages de la littérature française.

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Mots clés

Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires, Roman feuilleton